En 1958, les américains tentent, sans succès, l’envoi de la première sonde du programme Pioneer. En 1972 et 1973, les sondes Pioneer 10 et 11 sont envoyées vers Jupiter et Saturne pour ensuite poursuivre leur voyage au-delà du système solaire. Elles embarquent chacune une plaque représentant l’humanité, plaques qui survivront plus longtemps que la Terre et le Soleil. Une femme et un homme, nus et saluant un hypothétique extraterrestre, ainsi que la position de l’humanité dans l’Univers : voilà ce qui figure sur cette plaque emblématique.
Le 4 octobre 1957, les soviétiques parviennent à mettre sur orbite Spoutnik 1, premier satellite artificiel de la Terre. La conquête de l’espace est alors officiellement lancée entre l’URSS et les USA. Depuis cette date, de nombreux satellites ont été mis sur orbite, des hommes et des femmes ont été envoyés dans l’espace et des sondes sont parties étudier tout ce qui se trouve au-delà de l’atmosphère terrestre. Ces sondes embarquent plusieurs instruments scientifiques pour mener à bien leurs missions, mais parfois, elles ont aussi emmené des objets plus incongrus.
Moins d’un an après la mise sur orbite de Spoutnik 1, les américains ont tenté d’envoyer la première sonde du programme Pioneer, programme d’exploration du système solaire. Cette première sonde du programme, Pioneer 0, avait pour objectif le survol de la Lune, et est un échec. Dans le cadre de ce programme, les sondes se succèdent avec des objectifs variés, et la sonde Pioneer 10 est prévue à destination de Jupiter. Mais la sonde ne se mettrait pas en orbite autour de la géante gazeuse : elle continuerait son voyage et serait amenée à sortir du système solaire. Il est donc décidé d’ajouter à la sonde une plaque, porteuse d’un message, une sorte de bouteille à l’espace, dans l’hypothèse quasi-nulle où la sonde finirait par être récupérée par une forme de vie intelligente dans l’Univers. La sonde Pioneer 11, à destination de Saturne et au même destin que sa jumelle Pioneer 10, est choisie elle aussi pour transporter une telle plaque.
Le célèbre astronome Carl Sagan est contacté pour participer à l’élaboration de cette plaque. Avec un autre astronome, Frank Drake, ils réfléchissent à ce qu’il faut représenter sur la plaque : quel message faire apparaître sur la plaque ? Comment représenter ce message de façon compréhensible pour une hypothétique forme de vie sur laquelle rien n’est connu ? Le défi est de taille. Il s’agit d’une tentative de transmission de ce qu’est l’humanité, aux confins de l’espace. C’est un exercice de pensée, scientifique et philosophique, qui a dû passionner les membres du projet. De par les matériaux qui composent la plaque et sa position sur la sonde, la plaque survivra plus longtemps que la Terre et le Soleil. Néanmoins, elle a été assez controversée, parce que le message est difficile à comprendre pour un néophyte, et est même difficile à déchiffrer pour un scientifique. Malgré tout, le défi était de taille et le résultat est impressionnant.

Figure 2 – Carl Sagan, astronome ayant participé à l’élaboration des plaques Pioneer, lors d’une conférence sur les sondes Pioneer. Crédit : NASA.
Plusieurs éléments sont représentés sur la plaque des sondes Pioneer. On trouve tout d’abord un schéma de la transition de l’atome d’hydrogène. Cet atome est le plus abondant dans l’univers. Les propriétés de l’hydrogène permettent de poser une unité de temps et de longueur. Deux atomes d’hydrogène sont représentés dans deux niveaux d’énergie différents. En passant de l’état le plus énergétique au second état, l’atome émet une onde avec des propriétés qui lui sont propres : une longueur d’onde (21cm environ) et une fréquence, dont l’inverse donne la période (environ 0,7 nanosecondes). Ces unités servent de référence sur la plaque.
L’idée derrière cette représentation est qu’une vie intelligente suffisamment avancée connaîtra forcément les propriétés de cet atome et saura en déduire l’unité de temps et celle de longueur utilisées sur la plaque. Une autre connaissance physique de l’univers est prise comme postulat : les pulsars. En représentant la distance du système solaire par rapport à 14 pulsars, cela indique non seulement où se situe le système solaire, mais quand cette sonde a été envoyée. En dessous, les différentes planètes du système solaire sont représentées (à l’époque, Pluton était encore considérées comme une planète), ainsi que le trajet emprunté par la sonde : son point de départ et les planètes survolées.

Figure 4 – Photo de la sonde Pioneer 10 en train d’être préparée à l’envoi, à Cape Kennedy. On aperçoit bien la position de la plaque, au premier plan, la gravure étant tournée vers l’intérieur de la sonde. Crédit : NASA.
Le dernier élément représenté est un homme et une femme, nus, l’homme saluant de la main d’une façon qui doit sembler amicale à quiconque trouvera la plaque. Pour renforcer cet aspect amical, il a été envisagé de représenter le couple en train de se tenir la main. Mais cela aurait pu porter à confusion et indiquer qu’il ne s’agit que d’une seule et même entité. En arrière-plan, la sonde Pioneer est représentée, à l’échelle, pour donner une information sur la taille des êtres humains. Un autre moyen permet de déduire la taille des hommes : le chiffre 8, en binaire, à droite de la femme et qui, multiplié par l’unité de longueur, 21cm, donne environ 168cm.
Accrochées chacune sur Pioneer 10 et Pioneer 11, les deux plaques voyagent désormais dans le cosmos, et finiront peut être par être récupérées par une autre forme de vie intelligente. Cette rencontre est néanmoins très très peu probable, mais si cela arrivait, la plaque permettrait de fournir une preuve de l’existence d’une forme de vie, sur Terre, à une époque où celle-ci aura sans doute été détruite et l’homme n’existera plus. Encore faut-il pour cela que la plaque soit déchiffrée. Néanmoins, il s’agit d’une première tentative de laisser une trace de notre passage dans l’Histoire de l’Univers. Deux testaments qui voyageront encore longtemps dans l’immensité du cosmos… mais ce ne sont pas les seules bouteilles cosmiques que l’homme a envoyé dans l’espace.

Figure 5 – Vue de la plaque accrochée à la sonde Pioneer 10. Ce positionnement ainsi que les matériaux choisi pour faire la plaque lui permettront de traverser le temps et d’être toujours lisible alors que la Terre n’existera plus.
Sources :
https://en.wikipedia.org/wiki/Pioneer_plaque
J’avais déjà lu quelques articles sur les plaques Pioneer. Honnêtement, j’ai essayé de comprendre la plaque mais avant d’avoir lu les explications, mais y’avait une bonne partie du message qui m’était incompréhensible. Ça reste un premier essai, perfectible certes, mais il a le mérite d’exister.
Si une forme de vie intelligente tombe dessus un jour, j’espère qu’ils auront du recul ! 😉